Historique de la rue Berryer – Dernière partie
Historique de la rue Berryer – Dernière partie
Nous vous avions sollicité le 31 octobre pour construire ensemble un projet de mémoire autour du 11 rue Berryer et son lien avec les artistes intitulé « Historique de la rue Berryer », diffusé sous la forme d’articles chaque mois sur le site internet et dans la newsletter de l’association.
A travers cette série d’articles composée de six parties, vous avez été nombreuses et nombreux et sous différentes formes (témoignages, photographies, peintures, …) à partager vos expériences et votre attachement à cette adresse, à ce lieu historique d’engagement et de soutien en faveur des artistes vivants.
Vos contributions ont permis de nourrir les publications dédiées à cette histoire commune et nous vous en remercions.
Pour clôturer ce chapitre, nous vous proposons de revoir les différentes thématiques abordées au fils des publications.
Historique de la rue Berryer-Première partie
La publication « Une Maison d’Art », le premier article de notre série, a permis de dévoiler le goût de la baronne Adèle de Rothschild (1843-1922) et du baron Salomon de Rothschild (1835-1864) pour l’art ainsi que la symbolique du legs de la baronne. Collectionneuse d’œuvres d’art, Adèle de Rothschild possédait un cabinet de curiosité dans lequel elle entreposait sa collection d’œuvres. A sa mort en 1922 elle légua l’hôtel en exprimant le vœu que ce dernier devienne « Une Maison d’Art ». Un lieu accueillant tout à la fois des expositions, des réunions d’artistes, des fêtes et des ventes de charité au profit des artistes.
Nous avons découvert à la lecture de cet article l’existence d’une coopérative d’artiste fondée en 1946. Cette coopérative avait pour objectif d’aider les artistes à se fournir à moindre coût en matériel de peinture. Les témoignages des artistes de La MdA, que nous avons recueillis, évoquent un lieu solidaire, d’entraide et souligne l’empreinte positive laissée par la coopérative dans la vie des artistes. Malgré la très bonne réputation dont jouissait la coopérative, elle ferma en 1997.
Un lieu d’exposition artistique
Dans la deuxième partie de l’Historique de la rue Berryer, nous nous sommes intéressés à la rue Berryer en tant que lieu d’exposition artistique. En effet, l’hôtel particulier a accueilli différentes expositions : « Superposition » de François Morellet, « Ecritures » de Jérôme Peignot et Marc Dachy ou encore la Section Photographie et Sculpture du Salon d’Automne de 1995. Elle a également servi de décor à la construction de projets solidaires afin de soutenir les artistes du monde entier. Par exemple, l’exposition « Banques d’images pour la Pologne » était destinée à aider les artistes polonais durant la période qui a suivit les accords de Gdansk, ou encore la vente aux enchères « Haïti Action Artistes » créée au profit des artistes haïtiens victimes du tremblement de terre de 2010.
Tous ces événements artistiques : in-situ, thématiques ou salons confirment le lien prégnant entretenu entre les artistes et le lieu et vos souvenirs en sont les témoins.
La générosité de la famille Rothschild
L’Hôtel Salomon de Rothschild n’est pas le seul héritage laissé par la famille Rothschild en faveur des artistes. Le Château Smith-Champion situé dans la commune de Nogent-sur-Marne (Val de Marne) mentionné dans la troisième partie de l’Historique de la rue Berryer est aussi un legs ; celui de Madeleine de Rothschild et de sa sœur Jeanne Smith (1857-1943). La condition sine qua non du legs était que le domaine devienne « un lieu de résidence et d’accueil pour les artistes démunis ». Leur souhait fut réalisé par Maurice Guyot (1898-1991) en 1945.
Il fonda ce qui est aujourd’hui La Maison Nationale des Artistes ; une maison de retraite destinée à accueillir les artistes des arts plastiques et graphiques dans un cadre adapté et ouvert à leur pratique artistique.
Aujourd’hui, l’établissement privé est géré par la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques. Il représente l’héritage des actions menées par trois artistes, soucieux des conditions de leurs pairs.
Les Institutions et le 11 rue Berryer
Au cours de son histoire, l’hôtel particulier a tenu plusieurs rôles. D’abord résidence de la baronne de Rothschild, puis haut lieu d’expositions et d’événements, elle a ensuite été la demeure de grandes institutions culturelles et artistiques.
Parmi elles, La Bibliothèque d’art et d’archéologie fondée en 1908 par Jacques Doucet (1853-1929). Cette dernière a été transférée depuis la rue Spontini dans le XVIème arrondissement de Paris en 1924 au 11 rue Berryer et y demeura pendant plus de dix ans. En 1936 elle fut de nouveau transférée rue Michelet. Elle se trouve aujourd’hui rue Richelieu dans le IIème arrondissement de Paris.
On compte également Le Centre national de la Photographie, créé à l’initiative de Jack Lang en 1982. A l’origine le CNP résidait au 27 avenue de l’Opéra à Paris avant d’être déplacé avenue Gobelins dans le XIIIème arrondissement. Il s’installa à la fin de l’année 1993 dans l’hôtel particulier parisien et y demeura durant 11 ans.
Un lien intrinsèque entre les artistes et le legs
L’art est omniprésent rue Berryer comme nous l’avons constaté à travers les articles précédents. D’ailleurs depuis sa création ce site d’exception par son architecture néoclassique et son jardin ont influencé de nombreux artistes.
Intitulée « Un lieu d’inspiration », nous avons consacré la cinquième partie de notre série d’articles à l’esthétique du bâtiment, à son histoire, à son jardin et leurs rapports aux artistes. Les exemples d’œuvres que nous avons reçus généreusement de la part de nos membres montrent bien que cette influence perdure encore aujourd’hui.
Une association à la rue Berryer : La Maison des Artistes
Pour finir, dans la sixième partie de l’Historique de la rue Berryer nous avons évoqué l’engagement de l’association La Maison des Artistes auprès des artistes. Les missions et les actions qu’elle a menées et qu’elle continue de mener afin de les soutenir.
L’association, aujourd’hui rue Berryer, œuvre sans cesse pour améliorer la condition professionnelle des artistes par le biais de projets et des nombreuses commissions dont elle dispose.
C’est ici que nous refermons les pages de ce recueil. Un voyage de neuf mois à travers l’histoire d’un héritage légué aux artistes par la baronne Adèle de Rothschild.
En tant qu’artiste sensibilisée à la cause de ses pairs, elle a fait don de sa demeure pour permettre aux artistes de jouir d’un lieu qui leur est consacré. Il apparait évident qu’à travers cet historique, l’adresse a représenté un espace de référence, conforme au souhait de la baronne. En effet, les différentes actions menées dans le passé pour et par des artistes n’ont fait qu’accroître la place du lieu et son importance pour la communauté artistique.
Aujourd’hui, ces valeurs continuent d’exister à cette adresse notamment à travers La Maison des Artistes qui veille à conserver l’esprit du legs : la solidarité et l’entraide en faveur des artistes par ses missions, ses actions, sa représentativité et les commissions qui la composent.
Catégorie(s) : Articles