Les artistes et la Journée Internationale des droits des femmes

Notre étude 📚

Le projet fait suite à une enquête menée auprès des adhérentes de l’association. Il s’inscrit pleinement dans notre volonté de rendre compte de la réalité d’exercice des femmes artistes dans le domaine des arts visuels.

La démarche consiste à mettre en lumière des logiques transversales entre discrimination de genre et travail indépendant, entendu comme précaire. La vie personnelle et la question des violences de genre s’entremêlent avec les problématiques liées au travail artistique et ses conditions, à la carrière et sa perception par les proches.

Voici les résultats de l’étude :

L’activité et les revenus :

• Au niveau des revenus artistiques, 68% des artistes interrogées déclarent gagner moins de 8 000 € par an, 19 % gagnent entre 8 000 et 15 000 €, 11 % entre 15 000 et 30 000 €, 6 % plus de 30 000 €.
• Parmi les personnes interrogées, 55 %  déclarent être en multi-activité (dont 25% sont salariées, 13 % en professions libérales, 6% sont fonctionnaires et 11% auto-entrepreneuses).
• Au niveau des revenus liés aux autres activités, 63 % déclarent gagner moins de 8000 €, 17 % gagnent entre 8 000 € et 15 000 €, 16 % entre 15 000 et 30 000 €, 4 % plus de 30 000 €.
• Concernant les revenus sociaux, 583 artistes sur les 1640 artistes interrogées déclarent en percevoir. Parmi celles-ci : 51 % déclarent toucher une retraite, 22 % perçoivent les allocations familiales, 17 % le RSA, 3 % perçoivent une pension d’invalidité, 2 % perçoivent l’AAH (Allocation Adulte Handicapés).

Ces premiers résultats indiquent que la multi-activité est une pratique répandue chez les femmes artistes, afin d’assurer un complément de revenus. 37 % des personnes ayant recours à la multi-activité gagnent plus de 8 000 € de revenus liés à ces autres activités.

Le logement :

• 61 % déclarent être propriétaire, 31 % sont locataires, 8 % sont hébergées à titre gracieux.
• 94 % des personnes interrogés disposent d’un atelier (pour 64 % d’entre elles, l’atelier est une pièce de leur logement).

Les expositions et l’activité artistique : 

• Sur les 1640 artistes interrogées, on compte :

• 38 % de peintres

• 23 % de plasticiennes

• 15 % de graphistes

• 10 % de sculptrices

• 6 % d’illustratrices.

• Sur le panel de 1640 artistes, 80 % déclarent avoir participé à au moins une exposition collective dans l’année écoulée. Parmi celles-ci, près de 50 % déclarent avoir participé à 5 expositions collectives ou plus.
• 67 % déclarent avoir participé à au moins une exposition personnelle dans l’année écoulée.
• 53 % déclarent avoir participé à au moins un salon dans l’année écoulée.
• Parmi les artistes qui ont un atelier, 43 % ont déjà organisé des portes ouvertes.
• 63 % déclarent ne pas exposer à l’étranger.
• 72 % sont sociétaires au sein d’un organisme de gestion collective (société d’auteurs).

Exposer ses œuvres, que ce soit lors d’événements collectifs (salons, expositions collectives, portes ouvertes) ou d’expositions personnelles apparaît comme une priorité au cœur de leur activité professionnelle, loin devant le développement de relations avec des clients ou des diffuseurs.

Relations artistes-clients-diffuseurs :

• 69 % n’ont pas le temps de démarcher des clients, 55 % n’ont pas le temps de créer un réseau, mais 69 % ont le temps d’exposer.
• 72 % estiment être prises au sérieux lors de leur démarches auprès des clients. Toutefois, 37 % estiment que leur travail artistique a déjà été réduit à un jugement esthétique lié à leur genre, par un diffuseur. 11 % ont même reçu un refus d’exposer, motivé par le fait d’être une femme.
• 34 % ont déjà subi des jugements sexistes par leurs pairs concernant leur travail.
• Dans le cadre des relations avec les clients, 26 % des artistes interrogées déclarent avoir été sujettes à des propositions déplacées (71%), du harcèlement (5%), du chantage (7%).
• Dans le cadre des relations avec les diffuseurs, 14 % des artistes interrogées déclarent avoir été sujettes soit à des propositions déplacées (68% d’entres elles), du harcèlement (5%), du chantage (10%).
• Sur le panel des artistes interrogées, 40 % ont le sentiment d’être dévalorisée en tant que femme artiste.

Les relations avec les clients et diffuseurs sont chronophages, ce qui ne permet pas de pouvoir développer leur réseau en parallèle. A cela s’ajoute les difficultés liées aux idées jugement de valeurs et idées préconçues, qui sont toujours présents au sein du secteur, et fortement ressentis au sein de la profession.

La vie quotidienne : 

• Près de 70% des artistes interrogées ont des enfants.
• Au niveau de la division des tâches domestiques : 51 % des personnes interrogées déclarent s’occuper seules des différentes tâches quotidiennes, tandis que 44 % déclarent se les répartir à deux.
• 27 % du panel des personnes interrogées déclarent être séparées, avec un enfant. Parmi celles-ci, 51 % déclarent avoir la garde totale de leur enfant, et 27 % alternent la garde avec leur ex-conjoint.
• 59 % des artistes interrogées déclarent avoir le sentiment de mettre entre parenthèses leur activité pour s’occuper des enfants et/ou des tâches domestiques.
• 56 % estiment que la question du temps consacré à leur activité est une problématique.
• 71 % des femmes artistes interrogées déclarent avoir été soutenue dans le choix de leur activité par leur entourage proche.

Les femmes artistes ont plus souvent que les hommes, la charge de leurs enfants en cas de séparation. Cela engendre bien souvent des difficultés pour consacrer du temps à leur activité artistique. Et bien que 71 % des femmes artistes soient soutenue par leur entourage, il n’en reste pas moins que 29 % ne le sont pas. Le manque de soutien peut être considéré comme un frein au développement de l’activité artistique.

Illustrations réalisées par Delphine Chauvin (delphine-chauvin.blogspot.com Instagram : 2cmine)

Pour aller plus loin : Commission parité hommes-femmes de la Maison des Artistes

Le 8 mars et les artistes : infos et initiatives 📰